22/04/2017

Une grosse déculottée judiciaire pour Dmitri Rybolovlev

La justice singapourienne refuse de se laisser instrumentaliser dans le litige qui oppose le milliardaire russe au marchand d’art suisse Yves Bouvier.


Pour Yves Bouvier, c’est le début de la fin d’un incroyable cauchemar. La justice singapourienne vient, en effet, de clore l’un des volets les plus rocambolesques de l’affaire qui agite le monde de l’art depuis deux ans.
Rappelons les faits brièvement: en février 2015, le Genevois, patron de Natural Le Coultre et premier locataire des Ports francs, est arrêté à Monaco et placé en garde à vue pendant 72h. Yves Bouvier qui jouit alors d’une réputation sans ombre est soudainement présenté comme un escroc, un homme d’affaires sans scrupule, âpre aux gains. La rupture est consommée entre le négociant suisse et le milliardaire russe Dmitri Rybolovlev. Par le passé, le puissant patron de l’AS Monaco a acheté plusieurs tableaux de maîtres par l’entremise d’Yves Bouvier et de ses sociétés. Il affirme avoir été floué.
Le litige concerne la vente de trente-sept chefs-d'œuvre, dont des Picasso, pour 1,95 milliard de francs suisses. Le milliardaire russe estime que le Genevois s’est enrichi sur son dos en lui revendant ces tableaux au prix fort. En fait, c’est la nature du mandat confié au marchand d’art suisse qui est au centre du litige. Une affaire qui relève habituellement de la justice civile et commerciale mais qui est portée au pénal par les avocats de Dmitri Rybolovlev. Sommés de lancer des actions tous azimuts pour laminer la réputation d’Yves Bouvier, ils engagent également une procédure au civil à Singapour où certaines œuvres ont été entreposées. Une stratégie de la tenaille qui vise à intimider et à faire plier le marchand d’art suisse dont les comptes vont se trouver temporairement bloqués.


Dmitri Rybolovlev essaie d’arracher de gré ou de force une forte somme en réparation du «préjudice» subi. Mais il peine à prouver la réalité du préjudice. Les moyens déployés par le milliardaire russe pour se poser en victime de la «malhonnêteté» du Suisse finissent par éveiller les soupçons de la presse. Difficile de voir en Dmitri Rybolovlev un collectionneur passionné à la merci du premier escroc venu.


Pour Yves Bouvier, le refus de la justice singapourienne de donner suite aux démarches engagées par Dmitri Rybolovlev et ses avocats sonne le glas d’une vaste entreprise de démolition entamée il y a deux ans. Sur soixante pages, les magistrats de la Cour d’appel battent en brèche tous les arguments développés par le milliardaire russe pour obtenir un procès et un jugement en sa faveur. Ils affirment ne pas avoir décelé dans les échanges commerciaux, entre les deux hommes et leurs sociétés, une irrégularité qui pourrait justifier l’ouverture d’une procédure civile devant leur juridiction. Ils renvoient donc Dmitri Rybolovlev à la procédure ouverte à Monaco en lui suggérant plutôt de se tourner vers la justice genevoise s’il veut en découdre avec Yves Bouvier. Une recommandation qui ne manque pas de piquant quand on sait les efforts déployés par l’intéressé pour éviter de porter l’affaire devant une juridiction civile suisse.

06/04/2017

Une étrange perte d’argent donne le sourire à Dmitry Rybolovlev

Dans son contentieux l'opposant au marchand d’art suisse Yves Bouvier, le milliardaire use de toutes les ficelles. Un collectionneur d’art qui revend à perte sans même essayer de récupérer sa mise de départpeut sembler très curieux. C’est pourtant ce que vient de faire Dmitry Rybolovlev. Le milliardaire russe a enregistré dernièrement de très lourdes pertes sur une vente confiée au bureau de Christie’s à Londres. Sur un lot de cinq tableaux, l’homme d’affaires aurait perdu près de 150 millions de dollars. Dmitry Rybolovlev a encaissé le coup sans sourciller affichant même un troublant sourire au lendemain de cette étrange transaction. Aurait-il perdu la tête ou serait-il, comme le pensent un certain nombre d’observateurs, en train de pousser ses pions sur l’échiquier judiciaire dans le contentieux qui l’oppose au suisse Yves Bouvier? Car, curieusement, c’est sur la revente de tableaux achetés par l’entremise du marchand d’art suisse que le milliardaire enregistre les plus grosses pertes alors que par ailleurs des tableaux des mêmes artistes tels que Gauguin et Picasso se vendent à des prix atteignant des records actuellement. Un tableau de Mark Rothko Rothko, le "Numéro 1" peint en 1949, a été adjugé à 13,1 millions de dollars alors que cette pièce avait été acquise par l’intéressé pour 36 millions de dollars quelques années plus tôt. Du pain bénit pour les avocats de Dmitry Rybolovlev. Jusqu’à présent, rien de solide n’est venu étayer la thèse selon laquelle Yves Bouvier aurait abusé l’homme d’affaires en surévaluant le prix de ventes des tableaux qu’il lui aurait vendu. Le fiasco de vente londonienne ne pouvait pas mieux tomber. Pas sûr pourtant que la justice se laisser duper. Avec une fortune estimée à plus de 7 milliards de dollars Dmitry Rybolovlev n’est pas vraiment dans le besoin. S’il a vendu ce n’est donc pas par souci de renflouer ses caisses pour disposer de liquidités. Et encore moins pour faire d’autres acquisitions. Les banques sont disposées à lui prêter autant qu’il veut. Alors pourquoi vendre à perte sinon pour démontrer qu’il a bien été floué par son ancien marchand d'art. En usant de ficelles aussi grosses, Dmitry Rybolovlev montre son vrai visage, celui d’un manipulateur prêt à tout pour arriver à ses fins. Les cercles de pouvoir monégasques l’ont appris à leurs dépens. Pour faire tomber définitivement le masque et faire enfin éclater la vérité dans l’affaire qui l’oppose au suisse Yves Bouvier, il suffit de chercher la véritable identité des mystérieux acheteurs qui l’ont soulagé de la charge pesante de ces tableaux «surévalués». Le milliardaire pourrait bien, cette fois, être pris la main dans le sac. Ses astuces grossières visant à passer pour la victime de la malhonnêteté des autres ne font plus illusion. Malgré tous ses prétendus déboires, l’homme n’a jamais cessé de s’enrichir. En revanche, ceux qui ont eu l’outrecuidance de lui tenir tête l’ont payé au prix fort. Voilà la seule vérité.